Aujourd'hui, direction baie Saint Paul que Frédéric et moi n'avons pas eu le temps de visiter jeudi pour cause de petit détour par l'hôpital. Sur les conseils de Paul nous profitons de cette destination pour faire quelques étapes de la route des saveurs. Charlevoix ayant raté le virage industriel, la région s'est concentrée sur le tourisme en s'appuyant sur la beauté de ses paysages. Produits du terroir d'exception et gastronomie participent aussi à la renommée de la région. La route des saveurs permet de découvrir des produits fins d’éleveurs de gibier, canards, émeus, chevreaux, agneaux, porcs ou poulets bio, du vin de tomate unique au monde, des fromageries, boulangeries, chocolateries, mielleries, cidreries artisanales et autres gourmandises. Ces différents ingrédients constituent la matière première des restaurants des environs qui ont à coeur de cuisiner et faire connaître les meilleurs produits locaux.
Notre premier arrêt est à la ferme basque de Charlevoix où une française du pays basque nous parle avec passion de son élevage de canards et des produits qu'elle fabrique. Arrivée il y a une vingtaine d'années au Québec après avoir été chef dans des restaurants gastronomiques français, elle rencontre son mari, basque lui aussi, au chateau Frontenac (pour ceux qui ne suivent pas, lire ou relire les visites de Québec) alors qu'ils y sont tous les 2 employés. Elle décide quelques années plus tard de crér une ferme d'élevage de canards de race basque à côté de Baie Saint Paul tandis que lui entre dans les équipes de management du manoir Richelieu (pour ceux qui sont toujours à la ramasse, lire les billets sur notre séjour au manoir Richelieu). Elle nous explique toute la chaîne depuis l'arrivée des poussins à l'âge de 1 jour jusqu'à leur abattage puis leur transformation et nous fait goûter différents produits (rillettes, pâtés, terrines). Nous repartons avec des magrets, des rillettes et du pâté farci au foie gras pour nos repas du soir.
Notre 2ème arrêt nous fait découvrir le Centre de l'Emeu de Charlevoix. Ces gros oiseaux cousins de l'autruche, qui vivaient déjà au temps des dinosaures, sont très drôles, à la fois curieux et peureux. Nous apprenons plein de choses sur cet animal. Le mâle et la femelle sont physiquement identiques et ne se distinguent que par leurs cris: la femelle fait un bruit de tambour alors que le mâle grogne (haha). Les émeus vivent 30 ans. La maturité sexuelle est atteinte à l'âge de 24 mois et leurs cous deviennent alors bleus. La femelle pond un oeuf tous les 3 jours et c'est le mâle qui couve pendant 50 jours (pour une fois ce n'est pas la femelle qui fait tout le boulot !). Du coup, la femelle ne s'accouple jamais 2 fois avec le même mâle, elle en trouve un autre qui n'est pas occupé à couver. À la ferme c'est un peu différent, les oeufs sont mis dans des couveuses artificielles pendant 50 jours et du coup les couples sont fidèles :) Une fois prêt à sortir, le bébé émeu met 2 jours à casser la coquille de son oeuf. Les émeus sont élevés pour leur viande mais aussi pour l'huile issue de leur graisse, utlisée depuis plus de 4000 ans par les aborigènes australiens, qui possède de nombreuses vertus thérapeutiques : hydratation de la peau, accélération de la cicatrisation, soulagement des brûlures, apaisement des douleurs articulaires et musculaires, anti-inflammatoire... Je teste la crème anti douleurs et je dois dire qu'à défaut de supprimer ma paresthésie, elle soulage nettement la sensation de fourmillements dans mon crâne, c'est déjà ça. Nous en achetons du coup un pot, ainsi qu'un flacon d'huile d'émeu. Nous goutons aussi des rillettes et de la terrine d'émeu et Zacharie insiste pour acheter un coeur d'émeu qu'il nous cuisinera ce soir avec de la terrine d'émeu aux canneberges en apéro.
Après un déjeuner au pub de la microbrasserie de Charlevoix où nous dégustons des plats locaux accompagnés de bières pour les hommes, nous nous promenons dans les rues de Baie Saint Paul pour admirer les maisons et visiter quelques galeries d'art. Nous nous dirigeons ensuite vers la ferme Azulée qui cultive depuis plusieurs générations plus de 2000 plans de lavande. À cette époque de l'année, les lavandes ont été récoltées mais nous visitons la boutique séchoir qui embaume. Nous repartons avec un petit pot de lavande alimentaire, un pot de tisane à base de lavande et un petit cake au citron et à la lavande pour le dessert de ce soir.
Notre dernier arrêt de la journée est à Saint Irénée au bord du Saint Laurent où nous faisons une pause dans un café face au fleuve et avons la chance de voir passer le train qui relie la Malbaie à Québec. Il ne nous reste plus qu'à rentrer avec la perspective d'un excellent dîner grâce à nos achats de la journée. Nous poursuivrons la route des saveurs demain à l'île aux Coudres.